Détection des personnes ensevelies

Lors d'un effondrement d'immeuble (explosion, tremblement de terre) ou un glissement de terrain, des personnes peuvent se retouver ensevelies sous la terre ou les décombres, emmurées. Ces personnes peuvent survivre plusieurs jours, notamment si elles se trouvent dans une zone "de survie", où il y a un volume suffisant pour pouvoir respirer (cave, cavité...).
Il faut donc enlever les décombres avec précaution afin de ne pas provoquer d'effondrement supplémentaire qui serait fatal.
Le déblaiement précautionneux étant long, il convient de repérer les victimes encore en vie, afin de les dégager en priorité. Il existe pour cela deux méthodes complémentaires : les chiens (équipes cynophiles) et l'écoute des bruits émis par la victime (géostéréophones). C'est cette technique que je vais présenter ici.

Les éléments de la présentation suivante ont été fournis par l'EIS-17, l'Équipe d'Intervention Spécialisée de l'ADPC-17, l'Association Départementale des secouristes de la Protection Civile de Charente Maritime, formée de secouristes détenteurs de la mention sauvetage-déblaiement.

  1. Les bruits émis par la victime
  2. Transmission des bruits dans les décombres
  3. Méthode de localisation
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  1. Les bruits émis par la victime
  2. Une personne peut émettre des bruits caractéristiques : râles, grattements, coups sur un objet...
    Il faut donc soliciter la victime afin qu'elle se manifeste, voir la réveiller (une personne ensevelie perd la notion du temps). Cela se fait par l'appel : on frappe sur un objet métallique (masselote d'appel, système marteau/enclume) selon un rythme particulier correspondant aux "trois coups" de théatre (5 coups rapides et 3 coups lents). Ce signal a été choisi car seul un être humain peut le créer, il ne peut pas être confondu avec un bruit mécanique.
    Les bruits sont ensuite écoutés via des microphones sismiques reliés à un amplificateur, sorte de stéthoscope électronique auscultant le sol.
    Cependant, l'écoute peut être brouillée par de nombreux parasites : Une écoute attentive permettra de percevoir par exemple des effet d'écho, signe que la personne est dans un volume assez grand et a donc de meilleures chances de survie.

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  3. Transmission des bruits dans les décombres
  4. Les bruits se transmettent dans les solides sous forme de vibrations. Ceci est sensible lors du passage d'un camion ou bien à proximité d'un marteau-piqueur : on sent le sol vibrer. C'est aussi ainsi que les séismes se transmettent d'un bout à l'autre de la terre.
    On les écoute donc en plaçant sur le sol des micros sismiques. Ces microphones reçoivent les vibrations du matériau, et les retransmettent à un amplificateur. L'opérateur, qui les écoute avec un casque, peut ainsi augmenter le volume si le son est faible, et le filtrer par un "equalizer", afin d'éliminer des parasites (au risque d'éliminer aussi des bruits humains...)

    Les vibrations sont absorbées par le matériau au fur et à mesure, donc, plus on est proche de la victime, mieux on entend. On estime que les micros peuvent recevoir les bruits émis à une distance d'environs 10 m.

    atténuation du bruit transmis dans un solide avec la distance


    Les vibrations se transmettent mieux dans les matériaux denses (métal, pierre, béton, bois) que dans les matériaux meubles (terre, gravats).

    Une des difficulté provient de l'hétérogénéité des décombres. Elles sont composées de matériaux différents (gravats, poutres de fer, blocs de béton...) qui font que le son sera parfois mieux entendu un peu plus loin car une poutre en biais transmet le son.

    transmission du bruit dans les gravats selon la nature des éboulis

    La victime peut cependant être localisée au mètre près.

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  5. Méthode de localisation
  6. La localisation se fait en deux temps :

    1. détection : il s'agit ici de savoir s'il y a ou non une victime vivante ensevelie. On quadrille la zone, on pose les micros à des emplacements réguliers, jusqu'à entendre un bruit d'origine humaine ;
    2. localisation : on a détecté une victime, on veut maintenant savoir précisément où elle se trouve. On balaie donc la zone de manière plus resserée.
    Pour être sûr de bien sonder tous les endroits et de localiser les éventuelles victimes avec précision, il faut agir avec méthode.

    On défini trois niveaux de son :

    le niveau "0" étant l'abscence de son perçu.

    L'équipe se compose

    L'opérateur fait positionner les micros ; aux ordres "silence à l'appel !" puis "appel !", les équipiers lancent le signal d'appel. Puis, l'opérateur écoute les sons perçus par chacun des micros.

    On défini un axe de progression ; les micros sont posés à une distance de 10 m l'un de l'autre (leur limite de détection). Les micros et l'opérateur sont alignés perpendiculairement à l'axe de progression.

    disposition de l'équipe de détection

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