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Pyramide de Maslow
Application au secourisme associatif - 3


3 -- Gestion d'une zone d'accueil et d'hébergement

Typiquement, le secouriste bénévole peut intervenir dans deux types de situations :

Note


3.1 - Niveau 1 - besoins vitaux

Il faut bien entendu assurer les besoins vitaux, c'est le but premier de l'hébergement :

L'hygiène est particulièrement importante, notamment en raison de l'état de faiblesse des personnes et du risque d'épidémies.

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3.2 - Niveau 2 - besoins de protection et de sécurité

Dans tous les cas évoqués, les personnes ont subi un traumatisme, elles ont eu peur pour leur vie, celle de leurs proches, pour leur intégrité physique, elles ont peut-être un proche blessé, décédé ou dont elles n'ont pas de nouvelle.

Le premier contact de la personne avec le lieu d'accueil et les secouristes va être olfactif (odeur) et visuel. Il importe donc que le lieu soit propre et présente bien. Notamment, des réfugiés pourront être rebutés si le camp ressmble à... un camp de prisonniers.

Ensuite, il convient de montrer que l'on est structuré, de donner confiance. Une tenue homogène peut aider (caractère institutionnel, rigueur, «ça fait pro») ou bien au contraire peut rebuter (cela fait penser aux soldats qui ont commis des exactions). Dans tous les cas, les secouristes devront être en tenue décente et être facilement identifiables (brassard, chasuble).

Il faut apporter une attention toute particulière aux enfants. Le fait de bien s'occuper des enfants met en confiance les parents. Il peut être intéressant d'avoir à disposition du papiers et des crayons de couleur, le dessin est en effet une manière d'exprimer sont traumatisme plus simple que la parole chez les enfants.

Le soutien psychologique proprement dit est normalement assuré par les infirmiers et psychologues de la cellule d'urgence (CUMP), mais les secouristes, au contact direct avec les personnes, vont aussi y contribuer. Il existe des formations spécifiques au sein des associations de secourisme. Le sujet dépasse le cadre de cet article, notons toutefois que le principal est d'écouter les personnes, sans toutefois les solliciter (cela peut être vécu comme une agression). Il faut montrer que l'on est là, prêt à écouter, mais il faut aussi respecter le silence et le besoin de solitude.

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3.3 - Niveau 3 - besoin d'amour et d'appartenance

Si cela est possible, les personnes doivent avoir la possibilité d'entrer en communication avec leur famille et amis. Il peut être intéressant de disposer d'une ligne téléphonique fixe réservée à cet usage, ce qui permet en plus de libérer le réseau des téléphones portables qui peut être utilisé par les secours, et de décharger la ligne d'information aux familles mise en place par les autorités (la personne prévient elle-même sa famille).


À partir d'ici, cela concerne plus les séjours prolongés, type camp de réfugiés.

Les personnes d'une même famille, d'un même village, les amis, ont une tendance naturelle à se mettre ensemble. Il est intéressant de disposer de bâtiments de taille suffisante pour accueillir ces groupes en entier. Dans le cas de tentes, l'organisation pourra favoriser ces regroupements, par exemple en formant des cercles de tentes.

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3.4 - Niveau 4 - besoin d'estime de soi

Les personnes veulent donner une bonne image d'elles-mêmes, porter des vêtements en bon état et propres, pouvoir faire leurs besoins à l'abri des regards...

La participation aux tâches communes (ramassage des ordures, entretien des bâtiments), ainsi que le fait d'avoir une certaine autonomie au sein du camp (faire soi-même la cuisine), d'être utile à la communauté, permet aux personnes de se structurer, et de commencer à se projetter dans un avenir (retour à la vie «normale» après la sortie du camp).

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3.5 - Niveau 5 - besoin d'accomplissement personnel

À partir d'une certaine durée, il faut penser à scolariser les enfants.

Certaines activités peuvent être l'occasion de faire des formations, par exemple, formation à la sécurité incendie (prévention et utilisation des extincteurs) et au premiers secours pour former une équipe interne de secouristes. On peut envisager de faire appel à des associations spécialisées dans la formation (p.ex. artisanat, construction civile), un des buts étant aussi de préparer la réinsertion dans la vie quotidienne.

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3.6 - Et la population locale ?

Dans certains cas, la population locale peut ressentir l'implantation d'un camp comme une agression, les habitants peuvent être jaloux de voir des moyens important déployés. Il importe donc de nouer des liens avec la population locale, de faire participer le camp à la vie économique, par exemple en achetant de la nourriture sur place plutôt que de la faire venir.

Car la population locales craint aussi pour... ses besoins vitaux (les ressources vont-elles aller en priorité au camp ?), sa sécurité (crainte de vols, d'agression), son identité (dénaturation du paysage, arrivée d'étrangers)... et l'on retrouve la pyramide de Maslow !

Il suffit de voir le ras-le-bol des habitants de la ville de Sangatte (France) pour comprendre l'importance de ce point... Ceci peut être amplifié si le camp est installé dans un endroit où les habitants ont peu de revenus.

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3.7 - Bilan

On voit que plus l'hébergement sera long, plus il faudra prendre en compte de nombreux niveaux. Dans le cas d'un hébergement court, on peut se contenter des trois premiers niveaux. Si il dure plusieurs jours, il faudra prendre en compte le niveau 4 ; plusieurs semaines, le niveau 5. On pourrait vouloir prendre en compte les cinq niveaux dès le début, mais

  1. cela pose des gros problèmes d'organisation, si l'on peut avoir des secouristes disponibles en quelques heures, on n'organise pas une école aussi facilement, et
  2. cela ne serait pas plus efficace, ce serait essayer de satisfaire des niveaux 4 et 5 alors que les niveaux 1 à 3 ne le sont pas.
Ce serait donc un éparpillement des efforts sans résultat probant, et donc une source de démotivation pour les secouristes et les victimes !

La pyramide de Maslow est un pense-bête, qui peut servir de guide lorsque l'on met en place les procédures d'intervention (plan de secours préventif, avant l'arrivée de l'accident) et lorsque l'on gère la situation (une fois l'accident produit). Mais il peut servir aussi pour improviser un accueil : par exemple, une tempête se lève, les communications sont coupées (donc impossible de joindre ou d'être joint par l'association) ; comme vous habitez près de la mairie, donc vous vous y rendez spontanéement, et vous découvrez qu'il y a une centaine de personnes qui sont bloquées dans la commune et qui ont été regroupées ici. Bien entendu, vous n'avez pas de plan d'intervention, le fait d'avoir cet outil en tête permettra de faire des suggestions à l'équipe municipale, à les aider dans la prise de décision en établissant des priorités, à prendre des initiatives.

Liens

Exemple de structure d'accueil des impliqués non blessés :
Exemples de missions à l'étranger dans le cadre de la guerre au Kosovo (1999) :

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